Tour de France 2006

Le Grand Départ de Strasbourg

- La carte du Prologue

« Strasbourg ! Et ce n’est pas un rêve. Nous allons là-bas chez nous (…) Nous allons longer le Rhin. Oui nos vœux sont comblés ! »

La joie d’Henri Desgrange ne pouvait plus librement s’exprimer au lendemain de la Grande Guerre dans les colonnes du journal L’Auto pour saluer la toute première étape du Tour à Strasbourg.

1919 ! Le Tour de la reprise. Le Tour d’une France « complète » selon le mot de son créateur, passant par l’Alsace et par la Lorraine. Un Tour référence sans aucun doute qui vit apparaître l’une des inventions les plus sensationnelles du monde du sport ; astre magique, Dieu soleil, symbole de renaissance : le maillot jaune !

Que Strasbourg se soit trouvée sur le parcours de ce Tour là, cette année-là, manifestait l’expression d’une volonté politique forte, et fixait dans les esprits la paix retrouvée.

Une trentaine d’années plus tard, après une nouvelle guerre mondiale, Strasbourg choisit d’ouvrir le bal du Tour 1953, point d’ancrage d’un nouveau millésime teinté d’innovation, dans une Europe politique en gestation. Une édition particulière, celle du Cinquantenaire de l’épreuve, avec un maillot inédit pour le classement par points : le vert, en signe d’espérance.

Ainsi la foi en l’avenir unit-elle joliment l’Alsace et le Tour. Espoir d’un monde meilleur, d’une Europe de la paix, d’une vie où les joutes sportives supplanteraient définitivement la barbarie des grands conflits. Aujourd’hui capitale de l’Europe, Strasbourg -par la volonté de son maire, Fabienne Keller, et du Président de la CUS, Robert Grossmann- s’apprête à recevoir le Grand Départ du Tour de France en 2006. C’est un engagement qu’une simple poignée de main avait scellé, le samedi 14 juillet 2001, au Village du Tour. L’Alsace nous offrira -nous en sommes sûrs- une fête plus grande et plus belle encore que ce jour-là, où, après la victoire de Jan Kirsipuu quai des Alpes, Laurent Jalabert nous avait donné un fameux récital de Strasbourg à Colmar.

L’Alsace, c’est aussi un Ballon éponyme, qui vit gagner Merckx et Thévenet, et dont nous célèbrerons cet été le centenaire de la première ascension. Ce sont enfin des champions, du fantasque Hassenforder au regretté Charly Grosskost. Et du Tour 2005 à l’édition suivante, de la Vendée à l’Alsace, le peloton français nous propose un magnifique trait d’union : Thomas Voeckler, notre champion national, Vendéen d’adoption, né à Schiltigheim, aux portes de Strasbourg.

Le Tour de France 2006 : classique mais efficace.

Le parcours du Tour de France 2006 a été présenté à Paris. L'Alpe d'Huez constituera le point d'orge de la 93ème édition de l'épreuve.

Quelques semaines après la fin de la saison, la cérémonie de présentation du Tour de France est toujours vivement attendue. Le grand public attend avec impatience de savoir où il ira encourager les concurrents, les supporters les plus fanatiques veulent connaître la destination de leurs prochaines vacances, les coureurs peuvent commencer à se mettre le tracé dans la tête pour préparer psychologiquement leur bataille estivale, et les suiveurs raffolent de statistiques et de comparaison pour juger sur le papier de la qualité de la prochaine Grande Boucle. Depuis plusieurs semaines déjà, quelques indiscrétions filtraient, à prendre avec la plus extrême des prudences. En effet, alors qu'on annonçait la présence du Mont Ventoux sur les routes du Tour 2006, il n'en sera finalement rien.

Comme quoi, la présentation officielle du Tour de France nous réserve toujours son lot de surprises.

A midi, ce jeudi 27 octobre, le rideau s'est donc levé sur le parcours du 93ème Tour de France, dans l'immense salle du Palais des Congrès de Paris. Et pour la premièr fois, c'est le nouveau directeur de l'épreuve Christian Prudhomme qui a présenté la cérémonie. Le tracé du Tour 2006 s'est mis à défiler sous les yeux des spectateurs qui, avant même d'entrer dans le détail, ont pu relever quelques particularités. Un Tour de France à l'européenne tout d'abord, avec quatre pays visités (le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas et l'Espagne). Un Tour misant à nouveau sur le suspense, comme en 2004, avec des difficultés concentrées sur la dernière semaine de couse. L'absence de contre-la-montre par équipes pour des raisons géographiques, ce qui n'était plus arrivé depuis 1999. La mise en place de deux longs contre-la-montre individuels de plus de 50 kilomètres. Et l'arrivée en altitude à l'Alpe d'Huez, point d'orgue de l'édition 2006.

Le 93ème Tour de France comptera 3639 kilomètres. Il s'élancera de Strasbourg (Bas-Rhin) le samedi 1er juillet et tournera dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. La première semaine de course sera longue et éprouvante. En effet, après le traditionnel prologue de 7 kilomètres, le peloton mettra le cap au nord via de longues étapes (quatre étapes successives de plus de 215 kilomètres). L'absence de contre-la-montre par équipes rendra la course beaucoup plus nerveuse que d'ordinaire. Les sprinters auront à coeur de se disputer le Maillot Jaune durant toute la première semaine tandis que les baroudeurs rêveront d'une échappée victorieuse. Le vent pourrait également avoir un rôle à jouer dans les plaines normandes, avant trois jours en Bretagne. Le premier grand contre-la-montre individuel se disputera sur la distance de 52 kilomètres, le samedi 8 juillet, entre Saint-Grégoire et Rennes. Après l'étape lorientaise, le peloton s'envolera pour Bordeaux, où il pourra souffler vingt-quatre heures.

Un parcours des plus prometteurs... en l'absence de Lance Armstrong.

Après la première journée de repos, une remise en route s'effectuera le long de la côte atlantique avant l'entrée dans les Pyrénées pour deux jours, le mercredi 12 et le jeudi 13 juillet. Au programme de ce premier massif montagneux figureront les ascensions du Osquich, du Soudet et de Marie-Blanque avant l'arrivée à Pau. La seconde étape pyrénéenne reprendra un grand classique avec l'enchaînement du Tourmalet, d'Aspin, de Peyresourde et du Portillon suivis de l'arrivée inédite au Pla-de-Béret, en Espagne. Suite à cette première arrivée en altitude, le peloton reprendra son souffle entre Luchon et Carcassonne le vendredi 14 juillet. Les Français seront particulièrement attendus ce jour-là avant deux nouvelles étapes de transition, qui conduiront les rescapés du Tour de France au pied des Alpes. Avant d'en découdre dans les trois étapes alpines, chacun pourra profiter d'une seconde journée de repos à Gap le lundi 17 juillet.

La reprise sera douloureuse. Au lendemain de la seconde trêve, les coureurs devront négocier l'étape-reine du 93ème Tour de France, dessinée entre Gap et l'Alpe d'Huez. L'ascension aux vingt-et-un virages sera précédée de celles de l'Izoard et du Lautaret. Au sommet de l'Alpe, l'identité du vainqueur du Tour sera davantage définie. A cinq jours de l'arrivée finale de l'épreuve, il restera néanmoins beaucoup à faire pour les prétendants au sacre. Après l'Alpe d'Huez se présentera en effet une seconde étape alpestre tout aussi redoutable avec l'ascension du Galibier (via le Lautaret), de la Croix-de-Fer, du Mollard et de la Toussuire, une ascension finale et inédite de 18 kilomètres. Ceux qui en voudront encore pourront se resservir le vendredi 21 juillet dans une ultime étape de montagne qui s'achèvera à Morzine après l'escalade des Saisies, des Aravis, de la Colombière, du Châtillon et de Joux-Plane.

Sans transition, la course effectuera alors une remontée immédiate sur Paris, qui passera par un second contre-la-montre individuel. Un calvaire de 56 kilomètres tout de même entre Le Creusot et Montceau-les-Mines, avant l'arrivée triomphale du Maillot Jaune sur les Champs-Elysées. Le parcours rappelle par son style celui du Tour 2004, dominé de la tête et des épaules par Lance Armstrong, ce qui avait apporté beaucoup d'ennui à la course. Mais cette fois, en l'absence du coureur Américain, le Tour devrait enfin retrouver un vif intérêt. Les plus grands sommets du Tour de France, le Mont Ventoux mis à part, seront présents sur l'épreuve. Et de nouvelles tactiques vont émerger en vue d'ajouter un nouveau nom au palmarès du Tour, monopolisé depuis sept éditions par le même Lance Armstrong. Tous les ingrédients semblent donc être réunis pour offrir un fabuleux spectacle au milliard de passionnés que compte la Grande Boucle. Vivement juillet !

Les 21 étapes du Tour de France 2006 :

* Prologue (samedi 1er juillet) : Strasbourg (7 km)
* 1re étape (dimanche 2 juillet) : Strasbourg-Strasbourg (183 km)
* 2ème étape (lundi 3 juillet) : Obernai-Esch-sur-Alzette (223 km)
* 3ème étape (mardi 4 juillet) : Esch-sur-Alzette-Valkenburg (216 km)
* 4ème étape (mercredi 5 juillet) : Huy-Saint-Quentin (215 km)
* 5ème étape (jeudi 6 juillet) : Beauvais-Caen (219 km)
* 6ème étape (vendredi 7 juillet) : Lisieux-Vitré (184 km)
* 7ème étape (samedi 8 juillet) : Saint-Grégoire-Rennes (52 km CLM)
* 8ème étape (dimanche 9 juillet) : Saint-Méen-le-Grand-Lorient (177 km)
* repos (lundi 10 juillet) à Bordeaux
* 9ème étape (mardi 11 juillet) : Bordeaux-Dax (170 km)
* 10ème étape (mercredi 12 juillet) : Cambo-les-Bains-Pau (193 km)
* 11ème étape (jeudi 13 juillet) : Tarbes-Val d'Aran Pla-de-Beret (208 km)
* 12ème étape (vendredi 14 juillet) : Luchon-Carcassonne (211 km)
* 13ème étape (samedi 15 juillet) : Béziers-Montélimar (231 km)
* 14ème étape (dimanche 16 juillet) : Montélimar-Gap (181 km)
* repos (lundi 17 juillet) à Gap
* 15ème étape (mardi 18 juillet) : Gap-L'Alpe d'Huez (187 km)
* 16ème étape (mercredi 19 juillet) : Bourg d'Oisans-La Toussuire (182 km)
* 17ème étape (jeudi 20 juillet) : Saint-Jean-de-Maurienne-Morzine (199 km)
* 18ème étape (vendredi 21 juillet) : Morzine-Mâcon (193 km)
* 19ème étape (samedi 22 juillet) : Le Creusot-Montceau-les-Mines (56 km CLM)
* 20ème étape (dimanche 23 juillet) : Antony-Paris Champs-Elysées (152 km)

Les chiffres du Tour de France 2006 :

* 2 journées de repos (Bordeaux, Gap)
* 3 CLM individuels (prologue, 12ème, 19ème)
* 3 arrivées en altitude (Val d'Aran-Pla-de-Beret, L'Alpe d'Huez et La Toussuire)
* 4 étapes accidentées
* 4 pays étrangers visités (Luxembourg, Belgique, Pays-Bas et Espagne)
* 5 étapes de moyenne montagne
* 8 villes-étapes inédites : Obernai, Saint-Grégoire, Cambo-les-Bains, Val d'Aran-Pla-de-Beret, Montélimar, La Toussuire, Saint-Jean-de-Maurienne et Antony)
* 9 étapes de plaine
* 22 cols de 2e, 1re et Hors Catégorie
* 115 kilomètres contre-la-montre individuel
* 2645 mètres, l'altitude du Galibier, le toit du Tour 2006
* 3639 kilomètres au total

Les principales difficultés du Tour de France 2006 :

* Col d'Osquich (10ème étape) : 6 km à 5,3 % (km 50/500 m)
* Col du Soudet (10ème étape) : 14,7 km à 7,3 % (km 101/1540 m)
* Col de Marie Blanque (10ème étape) : 9,3 km à 7,7 % (km 148/1035 m)
* Col du Tourmalet (11ème étape) : 18,4 km à 7,7 % (km 76/2115 m)
* Col d'Aspin (11ème étape) : 12,3 km à 5,2 % (km 106/1489 m)
* Col de Peyresourde (11ème étape) : 9,5 km à 7,1 % (km 137/1569 m)
* Col du Portillon (11ème étape) : 7,9 km à 8,4 % (km 162/1320 m)
* Pla-de-Beret (11ème étape) : 13,5 km à 5,4 % (km 205/1860 m)
* Col d'Izoard (15ème étape) : 14,2 km à 7 % (km 86/2360 m)
* Col du Lautaret (15ème étape) : 12,1 km à 4,4 % (km 134/2058 m)
* L'Alpe d'Huez (15ème étape) : 13,9 km à 7,9 % (km 187/1860 m)
* Col du Galibier (16ème étape) : 42,8 km à 4,5 % (km 45/2645 m)
* Col de la Croix-de-Fer (16ème étape) : 22,7 km à 7 % (km 127/2067 m)
* Col du Mollard (16ème étape) : 5,8 km à 7 % (km 147/1638 m)
* La Toussuire (16ème étape) : 18,4 km à 6 % (km 182/1690 m)
* Col des Saisies (17ème étape) : 14,9 km à 6,4 % (km 82/1650 m)
* Col des Aravis (17ème étape) : 5,9 km à 7,3 % (km 108/1498 m)
* Col de la Colombière (17ème étape) : 11,8 km à 5,9 % (km 133/1618 m)
* Côte de Châtillon (17ème étape) : 5,1 km à 4,9 % (km 160/735 m)
* Col de Joux-Plane (17ème étape) : 11,7 km à 8,7 % (km 187/1700 m)